Exercice Spéléo Secours Hartmannswillerkopf
Samedi 20 avril 2013
Bilan de ces joyeusetés fratricides: 30 000 morts tout de même !
Le lever fut fort matinal soit 6 h 30 pour prendre Franck à Epinal. Après 1 h 30 de route, nous empruntons dans le brouillard la fin de la route des crêtes en lacets qui nous mène au champ de bataille : il fait froid, on ne voit pas à 10 mètres et la neige succède à la pluie à partir de 900 mètres. On s’attendrait à entendre le coup de sifflet annonçant une offensive et à voir débouler Kirk Douglas.
Après nous être enregistrés, nous participons au montage des tentes du SSF 68
dans le blizzard. Franck perce des trous dans la route pour les empêcher de s’envoler. Puis nous nous réfugions dans le garage d’une petite maison de l’ONF sans eau ni commodités, en attendant d’être appelés sur le terrain. Les lieux sont loin d’être idylliques entre bacs d’huile de vidange et outils divers ; je dégotte quand même un transat crasseux qui me permettra de finir ma nuit. L’attente sera en effet fort longue et durera jusqu’à 14 heures. Pendant ce temps, des équipes rentrent et sortent, tout le monde s’affaire, nous lorgnons sur les seringues de morphine du SMUR de Colmar qui dépassent des kits de secours mais le froid fait un effet semblable sur nous malgré nos 3 couches superposées.
Bref aparté : J’ai découvert une spéléo alsacienne qui me semble très attirante car j’ai enfin la sensation de me sentir maigre parmi des collègues qui arrivent à faire péter des combis XXXL. Ils ont tous des 4x4 à leurs gabarits, rien en dessous de 6 mètres de longueur ! On voit que l’on est dans un pays béni où le plein emploi, le miel, la bière, le bon gras et la félicité trans-frontalière coulent à flots. Nous voici à pied d’œuvre après une courte descente dans une casemate de béton démantibulée qui donne sur des galeries creusées dans une roche totalement pourrie qui s’effondre à la moindre pichenette. J’ai connu des endroits plus rassurants ! Voilà le chantier : une rampe très oblique d’éboulis mouvants ouvrant sur un étroit pertuis qui risque à tout moment de se refermer et il y a une vingtaine de personnes derrière ! On déroule un grillage pour fixer tout cela avec des madriers coincés au plafond par des étais coupés à la disqueuse dehors à la bonne longueur. Ca marche après deux heures d’efforts et surtout, le plafond a tenu !
Les journalistes arrivent et notre chantier de toute beauté se transforme en studio improvisé où Eric Zipper présente l’exercice. Suit un personnage lunaire en Loden, Burlington et costard Armani qui lui aussi ira se vautrer dans la fange avec les autres. Nous apprendrons qu’il s’agit d’un Sous Préfet qui va se faire sans doute tancer vertement par Madame à son retour ! Libérés de nos obligations, nous allons voir ensuite les lieux du drame fictif avant de nous réfugier dans la tente de PC annexe où ronronne un petit chauffage d’appoint. Nous voyons passer dans le brouillard tel un cortège funèbre le brancard suivi de l’Hankou avec sa faux puis nous allons rechercher le matos en suivant le fil du téléphone pour ne pas nous perdre.
La journée se conclut dans le garage transformé en winstub surchauffé par un débriefing suivi d’une bonne choucroute avant un retour nocturne car les conditions de couchage ne nous font guère envie.
Eric Zipper se déclara prêt à passer la crête pour venir dans nos Vosges nous épauler ou pour un exercice commun quand nous le désirerons.
JJ
Voir le reportage de France 3 Alsace.
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