CAMP ARIEGE CDS 88
Août 2016
Jean-Pierre Mouriès dit JP est une ex illustre figure altière de la spéléo vosgienne : ex président du défunt SCHM, ex président du CDS 88, ex responsable de la commission EFS de la LISPEL… Bref, il est très connu pour ses ex. Toujours vibrionnant à la recherche de challenges personnels, de " faire des temps " et autres billevesées pour faire " djeun " et oublier l’inexorable marche du temps ( Vulnerant omnes, ultima necat !) ; ce ludion des temps modernes bardé de capteurs passa les doigts dans le nez le brevet d’état de spéléo puis sur un coup de tête celui de canyoning… Il déserte ensuite traîtreusement nos chères cimes pluvieuses pour rejoindre avec sa famille Karine et Alexandre ses Pyrénées ensoleillées natales où il cumule désormais les métiers d’enseignant topographe et guide spéléo, canyon, via ferrata indépendant pendant les congés scolaires.
C’est au cours d’une rencontre fortuite cet hiver au Neuvon que le projet d’un camp retrouvailles en Ariege prend forme et se concrétise du 20 au 27 août. Ce camp ouvert au CDS 88 rassembla 8 fédérés vosgiens issus des clubs Aragonite et ESV : Michel dit Michou Bidou, Éric dit Néric, Xavier dit Xav., Benoît dit Ben, Gérard dit Gégé, François dit Pelu, Jean-Jacques dit JJ et Marc dit rien accompagnés de trois jeunes : Luc fédéré à l’USAN et Laure issus de leur progéniture et un autre jeune nancéen Clément ami de Luc. N’oublions pas last but not least Marie France et Sylvie compagnes respectives, respectueuses et respectées de Gérard et Jean-Jacques.
Jean-Pierre habite le Vernet sur Ariege, très calme localité de la plaine sous Pyrénéenne ayant abrité un honteux camp de concentration français pendant la guerre (www.campduvernet.eu). Nous logeons au camping gîte " La belle Verte " au bord de l’Ariege à 500 mètres de chez JP ; la moitié en gîte, l’autre en camping. JP nous a concocté un programme de " ouf " pour la semaine. Il va nous faire découvrir les grandes classiques qu’il propose à ses clients. Il y en a pour tous les goûts libérant tout de même des petites parcelles de liberté où chacun aura pu se livrer à des activités annexes en fonction de ses intérêts. Chaque sortie est clôturée le soir par un plantureux apéro-débriefing-préparation du lendemain où les binouses et les cahouettes coulent à flot soit chez JP ou au camping. Le premier a lieu le samedi soir même de l’arrivée de la troupe chez les Mouriès à déguster les succulentes pizzas maison de Karine.
Dimanche : petite mise en jambe spéléo familiale qui réunit quasiment toute la troupe à la grotte de Siech à Saurat ; grotte d’initiation horizontale assez labyrinthique aux profils très variés et avec juste ce qu’il faut de ramping sablonneux pour occasionner quelques frissons aux débutants. Quelques beaux phénomènes d’érosion dus aux glaciations sont visibles avec des planchers stalagmitiques surcreusés qui produisent de lugubres sons de glas lorsque l’on tape dessus. JP comme clou du spectacle nous sort d’un endroit secret une boite renfermant un crâne d’ourson d’Ursus Spelaeus aux canines acérées. Nous allons prudemment dans l’actif où vivent parait-il des euproctes, sorte de salamandres aquatiques endémiques des Pyrénées mais notre recherche se révèle infructueuse.
Après un pique nique bucolique, on se dirige vers la deuxième grotte de la journée : la grotte de Sabart à Tarascon sur Ariege. L’entrée grandiose dite " de la Carrière " se dévoile après une courte marche : c’est un porche genre mini Sarrazine où des grimpeurs jouent aux araignées dans les plafonds. On entre dans cette vaste cavité sombre très chaotique au cavernement énorme genre Berger issu d’effondrements successifs. Il s’ensuit un long gymkhana facile sur blocs à essayer de suivre un JP survolté qui nous livre toute sa science géologique car cette grotte lui a servi de thème d’étude pour son B.E.. On en visite les moindres recoins en croisant les autres entrées du réseau. A la fin, JJ , Gérard et Eric profitent de l’une d’elles pour écourter la visite sous le prétexte fallacieux de rendre à sa maman la progéniture sautillante et assoiffée de notre guide.
Lundi : Un peu d’eau pour varier les plaisirs ; JP nous emmène faire le canyon de Marc sur la commune de Marc. C’est un court canyon du torrent l’Artigue que l’on parcourt en une demi journée soit l’après midi pour plus de chaleur. La matinée est consacrée par JJ à son activité favorite : brasser des pelletées de graviers dans l’Ariege pour en extirper son or caché et il en trouve le bougre ! Les paillettes minuscules s’accumulent dans son tube à essai avec de jolis petits grenats ronds. L’Ariege forme un méandre sous le camping favorisant le dépôt du métal précieux ; même la patronne vient prendre des cours de battage pour ajouter cette activité à l’accro-branches et au canoë. Le canyon est descendu par tout le monde à l’exception de Sylvie et Marie France. La marche d’approche est minime mais l’enfilage des néoprènes toujours aussi problématique pour les éléments les plus ventrus de la troupe. Éric et Michel vont se ré acoquiner avec l’élément aqueux avec force gilets de sauvetage et bouées canard. Tout se passe à ravir avec quelques beaux sauts de plus de 5 mètres ; les jeunes en redemanderont !
Mardi : Re spéléo facile avec un peu de corde. Il s’agit de la traversée de Vicdessos à Vicdessos. C’est une rivière souterraine alimentée par le ruisseau de Goulier (petit village et station de ski familiale) coulant en partie en surface. Il y a un méandre étroit que JP pense que je ne passerai pas (pourquoi tant d’ostracisme !). Qu’à cela ne tienne, un fossile shunte la difficulté et Éric inquiet m’accompagnera. Ca fait bizarre de partir les mains dans les poches alors que les autres sont harnachés. Avec Éric, nous sommes en 10 minutes à peine au lieu supposé du rendez-vous. L’attente ne sera pas longue avant de voir débouler la troupe bruyante d’une galerie en interstrate. La suite de la cavité s’apparente à du canyoning souterrain avec la dégringolade de petites cascades où l’on se mouille copieusement. La rivière conflue avec une galerie artificielle, exutoire du trop-plein d’un barrage construit sur le Vicdessos. Il faut à cet endroit escalader un petit mur pour accéder à la galerie EDF qui conduit à la sortie. On voit déjà le jour et nous sortons dans la rivière du Vicdessos en aval du barrage.
JP a besoin de son après-midi pour préparer la " Fideùa " du soir : une paella catalane au poisson et fruits de mer où le riz est remplacé par des pâtes. Il écume les poissonneries pour trouver les clams, crevettes et grosses moules baveuses galiciennes (non, pas Carmelita) indispensables à ce chef d’œuvre de gastro(nomie) locale. Il livre tel Jonas un combat épique face à une armée de lottes hideuses qu’il dépouille avec maestria. Le résultat est à la hauteur de ses espérances : goûtu à souhaits. L’après midi sera également consacrée à une séance d’orpaillage collectif où Pelu trouvera des paillettes avec une assiette du gîte ! Je prends le temps me recueillir sur les tombes des républicains espagnols et autres " étrangers indésirables" que nos chères autorités françaises ont laissé crever de faim ici.
Mercredi : c’est le gros morceau du camp : le gouffre Georges où JP espère descendre à - 400 mètres jusqu’au siphon 1. Nos deux jeunes Benoît et Pelu vont pouvoir s’éclater en poursuivant la bête surtout que le gouffre est tout équipé. Je laisse ma place pour ne pas les brider. Eric et Gérard feront de conserve ce qu’ils peuvent. La sortie se fait en compagnie de Laurent, géologue et collègue BE de JP. Cette cavité classique de l'Ariege est aussi la plus profonde (-700m). Elle se situe au dessus de l'étang de l'Hers qui donne son nom à une roche magmatique bien particulière et typique: la lherzolite. Le panorama de montagne est toujours un régal. La descente de toute beauté s’effectue entre des calcaires marbrés roses et la lherzolite qui changent de la boue de Trampot ! Laurent agrémente le sport de réflexions scientifiques et indique que de la première reste possible sur le plateau en face car le collecteur souterrain du versant n'a pas encore été découvert. La sortie s'effectue par le tube où un véritable ouragan sort de la cavité. Des feuilles jetées au dessus du trou s'envolent à 2 mètres sans pouvoir retomber dedans. Marc et Xavier se livrent à des jeux obscènes sur un avatar de JJ gonflable digne des sumos de fêtes foraines après un TPST de 6 ou 7 heures. Eric et Gérard seront descendus jusqu’à – 180 en se photographiant mutuellement.
Luc n’a voulu délaisser Clément qui n’a pas le niveau technique de la sortie au Georges descendent l’Ariege sur 3 canoës avec JJ, Sylvie et Alexandre à partir du camping : une descente pépère et agréable où Alexandre trouve le moyen de partir les yeux fermés à la dérive et que je rattrapé par le colbaque. Deux belles séances de sauts sont possibles à partir de la rive au moyen d’agrès placés dans les arbres. Les grands sportifs rentreront à la nuit tombante un tantinet fatigués. L’apéro au camping est pour une fois plus bref qu’à l’habitude.
Jeudi : On ne relâche pas la pression, il y a du canyoning au programme avec montée en puissance : nous allons faire le canyon de l’Artigue à Marc en amont du précédent dans le massif du Montcalm. Il y a une marche d’approche d’une heure avec une bonne grimpette qui ne se fait pas en néop. ! Les paysages de montagnes sont superbes sous le soleil de plomb. Nous démarrons d’une passerelle et s’ensuit une enfilade ininterrompue de cascades, sauts et toboggans sur un rocher très glissant. JP se livre à quelques fioritures équipières qui vaudront quelques frayeurs comme une arrivée brutale en fond de vasque pour Clément au test d’une tyrolienne et une belle prestation de JJ la tête en bas sous une cascade dans une espèce de rappel guidé expérimental qui aura raison de son appareil photo pourtant " shockproof à 3 mètres ". Bref, nous sommes des cobayes innocents entre les griffes perverses de JP Mabuse équipeur fou ! Eric et Michel qui n’aimaient l’eau que dans leur pastis se découvrent des talents hydrophiles et se transforment sous nos yeux en Laurent Manaudou, les stéroïdes en moins. Après une dernière douche baston sous l’arrivée d’un ruisseau affluent nous regagnons le parking en suivant la rivière.
La soirée est occupée à un barbeuc. arrosé chez JP agrémenté pour la caution culturelle d’une activité " astronomie " où ceux qui ont encore les yeux en face des trous découvrent au télescope Saturne, Mars et étoiles doubles. Puis ensuite, dans un champ, Éric tel E.T. nous montre de son long doigt vert magique et télescopique les merveilles du ciel étoilé ; le coucher sera fort tardif !
Vendredi : dernier jour, snif ! On a gardé le plus lointain pour la fin : nous allons viaferrater en Andorre où elles ont l’avantage d’être gratuites et situées dans un " paradis " défiscalisé où les bas instincts de l’Homme peuvent s’exprimer à loisirs et Dieu sait si ces bas instincts sont prégnants chez nos rudes Vosgiens contraints à l’animalité la plus féroce et à la frugalité la plus sévère ! Tout le monde est de la partie même Marie France qui ayant forcé sur l’écran total arbore toute la journée un masque de Casper qui effraie les enfants. On démarre à 7 heures (aïe, mal aux cheveux !) pour éviter les bouchons de la " frontière " et nous sommes au supermarché de montagne vers 9 heures après cent kilomètres de route. Là, chacun fait sa provision de denrées interdites par son médecin comme les traditionnelles clopes et bouteilles pour les moins imaginatifs ou pour les boules de vices les Haribo multicolores voir même les tentacules de céphalopodes mais là, ça défie l’imagination… Puis nous gagnons la vraie et pure montagne pour faire la via ferrata du " Clots de l’Aspra " toute facile d’après JP qui vaudra tout de même une belle chute de Karine au pont de singe sous l’œil énamouré, lointain mais néanmoins humide de son Perceval.
Après un bref pique-nique, les plus vaillants remettent le couvert sur la via dans la " Directissima del Roc del Quer " beaucoup plus aérienne et tire-bras que la précédente et qui se termine sur une très à la mode passerelle vitrée posée au dessus du vide. Les non pratiquants attendent au parking ou retournent dans les temples du lucre qui inondent la vallée. On se retrouve le soir pour un dernier apéro qui sent déjà le départ chez les campeurs.
Samedi : C’est fini, on prend la route vers 9 heures après de longues embrassades émues et la promesse de se revoir à Noël dans nos Vosges pour une autre parenthèse enchantée. Merci à Jean-Pierre et Karine pour ce programme riche, dense, convivial et accessible.
Jean-Jacques
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